Les enfants et les adolescents surdoués (ou précoces ou à haut potentiel) sont tous très différents les uns des autres. Nous pouvons bien sûr leur trouver quelques caractéristiques communes mais, à elles seules, ces caractéristiques ne rendent pas du tout compte de leur diversité et de leurs différences. Car être surdoué, ce n’est pas être mieux ou « plus que » mais c’est, avant tout, être différent.
Bien sur, les enfants surdoués sont des enfants intelligents. Aux tests de QI, ils obtiennent un score supérieur à 130, la moyenne étant de 100. Toutefois, ils n’arrivent pas toujours à potentialiser leur intelligence à l’école. Ils ne sont pas toujours les premiers de classe. Ils se retrouvent même parfois en échec scolaire, voire en décrochage. Certains s’ennuient en classe et rêvent ou dérangent les autres. Ils ont en effet besoin d’une activité intellectuelle constante, faute de quoi ils peuvent s’agiter (pour s’occuper) ou s’enfermer dans leur monde imaginaire.
Ils ont une bonne mémoire, ils aiment la complexité, ils réfléchissent souvent en faisant des analogies entre différents domaines.
Ils sont curieux, ils posent ou se posent beaucoup de questions. Bien entendu, certains ne font que « se poser » beaucoup de questions, leur curiosité sera alors moins évidente. Ces derniers auront certainement compris que leurs questions peuvent déranger. En effet, ces questions peuvent étonner, dérouter, déstabiliser les adultes. Elles concernent souvent l’infiniment grand, l’infiniment petit, la vie et la mort, les origines. Il s’agit parfois de questions qui n’ont pas de réponse (exemple : y a-t-il une vie après la mort ?) ou de questions très complexes (exemple : comment est innervée l’oreille du chien ?).
Ces enfants aiment en général beaucoup lire, notamment sur l’espace, la science, les dinosaures, l’écologie, etc. Ils aiment moins écrire.
Les enfants surdoués ne sont pas qu’intelligents, ils ne sont pas toujours, voire pas souvent, le stéréotype du petit génie ou du petit Einstein. Ce qui les caractérise particulièrement c’est leur hypersensibilité. Ils peuvent être extrêmement sensibles émotionnellement mais aussi au niveau de leurs sens.
Concernant leur intense sensibilité émotionnelle, ils ressentent les mêmes émotions que tout le monde mais l’intensité de leurs émotions peut sembler décuplée voire disproportionnée (exemple : crises de colères énormes, pleurs si on rit de sa maladresse, joie intense à sa fête d’anniversaire). Par ailleurs, ils ne supportent pas l’injustice.
Si elle est bien gérée, cette intensité émotionnelle peut vraiment être un atout dans leur vie car elle permet souvent d’avoir une très bonne intuition, de littéralement sentir les gens et les ambiances et donc de s’orienter vers les personnes ou les situations qui leur font du bien.
Certains enfants surdoués sont très sensibles aux bruits ambiants, aux odeurs, aux goûts, au toucher, ils peuvent aussi avoir un très bon sens de l’observation.
Leurs relations avec les autres ne sont pas toujours faciles, sauf si ces « autres » sont des adultes. En général, les enfants surdoués aiment dialoguer avec les adultes. Par contre, cela peut être plus compliqué avec les enfants du même âge car ils peuvent avoir des centres intérêts différents (exemple : les planètes versus le foot) ou parce que leur extrême sensibilité les isole.
Par ailleurs, certains enfants à haut potentiel seront plutôt des leaders et seront appréciés de leurs pairs.
J’ai exploré ici quelques-unes de leurs particularités, ils en ont beaucoup d’autres … Mais voyons maintenant comment nous pouvons les aider.
La première chose à faire pour aider un enfant surdoué, c’est de le diagnostiquer. Pour cela, il faut consulter un psychologue compétent en la matière qui puisse faire une évaluation qualitative du surdouement (sur base des caractéristiques communes comme l’hypersensibilité par exemple) ainsi qu’un test de QI qui viendra confirmer le diagnostic qualitatif. Il s’agit donc d’un diagnostic global et non pas uniquement d’un chiffre de quotient intellectuel.
Ce diagnostic permettra à l’enfant de mieux se connaître, de mieux se comprendre et donc de mieux s’accepter dans ses différences. Souvent, la simple détection d’un haut potentiel chez l’enfant lui permettra d’avoir plus confiance en lui et d’être mieux dans sa peau. Il sera aussi plus facile pour ses parents et ses proches de comprendre ses réactions.
Ensuite, l’aide à apporter à l’enfant variera en fonction de ses difficultés propres. Ils sont tous tellement différents qu’il n’y a pas UNE recette miracle. De plus, certains enfants surdoués vont très bien et n’ont pas besoin d’aide, ne l’oublions pas !
Voici les difficultés que l’on peut par exemple aborder en psychothérapie avec un enfant surdoué :
- Il s’ennuie en classe : voir avec l’école si un saut de classe est envisageable (si cela est adapté à l’enfant) ou voir quelles mesures pédagogiques peuvent êtres mises en place en classe (enrichissement du programme, diversification de la matière, tutorat, etc.).
- Il n’a pas de copains : travailler avec lui pour l’aider à trouver les qualités de ses copains de classe, lui permettre de rencontrer d’autres enfants surdoués via des associations par exemple, l’aider à développer son intelligence sociale, etc.
- Il fait des crises de colère : lui apprendre à gérer ses émotions de manière plus socialement acceptable, comment peut-il décharger sa colère autrement qu’en faisant une crise ?
- Il est déprimé et a envie de mourir : entendre et essayer de comprendre sa souffrance puis l’aider à trouver le positif, la richesse et toutes les potentialités qu’il a en lui et autour de lui.
Les enfants surdoués sont des êtres riches et intenses. Les aider dans leurs difficultés n’est pas toujours simple. Il est donc important et nécessaire de s’entourer de professionnels (internes ou externes à l’école) bien formés à la question du haut potentiel. Par ailleurs, une bonne relation thérapeutique est primordiale pour que l’enfant puisse bénéficier de cette aide.
Le diagnostic de haut potentiel n’a pas pour but de catégoriser les personnes. Il doit permettre à l’enfant de mieux se comprendre et de se sentir mieux compris dans sa différence. Toutefois, nous sommes tous différents à notre manière, et tout le monde, surdoué ou pas, doit apprendre à vivre avec sa différence.